Port-au-Prince, le 17 septembre 20201
Sondage. Les Haïtiens veulent une nouvelle constitution et souhaitent participer aux élections, mais ils ne font pas confiance au CEP pour organiser les scrutins.
«Ayiti Nou Vle A » a organisé un sondage auprès de la population après l’assassinat de Jovenel Moïse. Les résultats de l’enquête montrent qu’une large majorité d’Haïtiens (75%) pense que la communauté internationale a un rôle à jouer dans la transition même s’ils sont divisés sur la manière dont cette intervention doit être menée. La majorité des personnes (58%) qui ont participé à l’enquête pensent que la période de transition dans laquelle nous vivons devrait être courte mais reste divisée sur le moment où les élections devraient avoir lieu ou la forme que devrait prendre la période de transition. Enfin, 49,5% des personnes interrogées déclarent faire confiance à Ariel Henry pour diriger le pays mais souhaitent que la transition soit courte ; les 49 % restants se répartissent entre ceux qui pensent que les acteurs politiques et la société civile devraient diriger (16 %), la communauté internationale devrait mettre le pays sous tutelle (15 %) et un juge de la Cour de cassation devrait diriger (8,5 %).
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Du 4 août au 9 septembre 2021, Ayiti Nou Vle A a réalisé une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de mille soixante-dix personnes segmentées par sexe, âge, département géographique et lieu de résidence pour mesurer comment la population pense que le pays devrait être dirigé après l’assassinat de Jovenel Moïse. Les résultats de l’enquête montrent une population généralement partagée dans son évaluation de la situation du pays, sur différents points, dont le rôle à jouer par la communauté internationale au lendemain de la mort du président Jovenel Moïse, quel type de transition le pays devrait avoir, combien de temps et qui devrait diriger la transition.
Selon un sondage d’Haïti Nou Vle A (ANVA), une association haïtienne qui encourage la participation citoyenne, une grande majorité d’Haïtiens pense que la communauté internationale doit jouer un rôle dans la période de transition du pays suite au décès de l’ancien Président Jovenel Moïse (75% ), mais la grande majorité est divisée sur la manière dont cette intervention doit être menée ; 30% des personnes interrogées pensent que la communauté internationale doit s’asseoir avec les acteurs politiques pour trouver des solutions, 20% pensent que les Nations Unies doivent envoyer une mission militaire pour assurer la stabilité des élections, 14% disent que les États-Unis doivent envoyer des troupes pour assurer la sécurité, 10 % pensent que les États-Unis devraient mettre le pays sous tutelle. 25% des personnes interrogées pensent que l’Internationale ne devrait jouer aucun rôle, car Haïti est un pays indépendant.
Les résultats montrent également de nombreuses différences dans l’opinion de la population sur comment et quand les élections devraient être organisées. Si la majorité (58 %) des répondants au sondage pensent que la période de transition actuelle devrait être courte, ils sont divisés sur le moment où les élections devraient avoir lieu et sur la forme que devrait prendre la transition. 27% pensent que les élections devraient avoir lieu en septembre comme prévu initialement, 29% pensent qu’un nouveau conseil électoral devrait être mis en place en premier, 29% pensent qu’un gouvernement de transition devrait diriger le pays pendant un an. 14% des personnes pensent que la transition devrait durer plus d’un an.
Les répondants à l’enquête se sont également divisés sur qui devrait diriger le pays au cours de cette période. 49,5% des personnes interrogées déclarent faire confiance au Premier ministre Ariel Henry pour diriger. Ces mêmes personnes veulent une transition courte. En revanche, 49% des personnes se sont opposées à Ariel Henry, tandis que près de 1% ont refusé de donner leur avis. Les groupes opposés à Henry comme leader se répartissent principalement entre un groupe de personnes (32%) qui pensent qu’une équipe de transition issue d’un consensus entre acteurs politiques et société civile (en d’autre termes un consensus entre acteurs politiques non-élus) devrait diriger, et un groupe (30%) qui pensent que les étrangers devraient mettre le pays sous tutelle. Un groupe plus restreint (17 %) pense qu’un juge de la Cour de cassation devrait diriger. Au total, seulement 16 % de la population pense qu’un gouvernement de transition issu d’un consensus entre des acteurs politiques non élus doit diriger la transition.
Les résultats de cette enquête montrent clairement le niveau de confusion qui règne dans la société suite à l’assassinat du président. Mais l’enquête montre aussi que les électeurs veulent exercer leur droit de vote librement et librement pour choisir leurs dirigeants le plus rapidement possible (ils veulent une transition courte) ; ce qui semble marquer une différence avec les discours des acteurs politiques réclamant une transition de 24 mois.
Ces résultats confirment les tendances que nous avons observées en 2019 et 2020, où la population rejetait la classe politique et marquait sa préférence pour des élections organisées rapidement. Il démontre la cohérence de la croyance du peuple haïtien dans les principes démocratiques et sa volonté de participer et d’aider à assurer des élections crédibles.
Cette enquête a été réalisée avec le soutien du laboratoire de statistiques Trend Media de Digicel.
Pour plus d’information sur les résultats et leur analyse, visitez le: https://www.ayitinouvlea.org/sondajmayisid