Il y’a quatre ans de cela soit en 2015, Wilson Laleau (ministre de l’économie et des finances) décretait l’état d’urgence économique, tellement la situation paraissait alarmante. On est en 2019 et la crise s’est aggravé surtout après les émeutes du 6 et 7 juillet 2018, que l’économiste Thomas Lalime qualifiait “d’émeutes de la dépréciation de la gourde” en raison des conséquences qu’elles ont entraîné pour la gourde et l’augmentation des prix de vente des produits de premières nécessités, plus encore l’économie haïtienne a atteint sa phase la plus compliquée en raison des crises politiques continuelles, le pouvoir d’achat à diminué et des cellules d’entreprises ont dû fermer leurs portes, le cas du complexe Delimart à Delmas 33, augmentant le taux de chômage. En plus selon Richard Buteau, lorsqu’on calcule la ratio de rotation des stocks et le temps d’écoulement de ces stocks, on constate une regression des produits écoulés pendant l’année 2019 par rapport aux autres années ; cette situation se rapproche de celle de 2010.
Malgré une augmentation de prix des produits de consommation, les chiffres d’affaires des entreprises haïtiennes ont diminué à cause du pouvoir d’achat qui est en chute libre ; et pour répondre à certains dépenses liées à l’entreprise, elles ont dû entreprendre des licenciements . L’inflation est passé de 14,6 % en septembre 2018 à 18,2 % en 2019. En 2012, le professeur Samuel Pierre assimilait la situation économique du pays à une équation hyperstatique où 200000 individus supportent 10 millions d’autres, et c’est toujours le cas 1/4 de la population supporte les 3/4 restantes. Et les nouvelles prévisions de la banque centrale n’arrange rien à la situation. Pour l’économiste Kesner Pharel, cette décision n’aboutira qu’à une crise financière, sans que cela touche le système bancaire. Sachant que l’emploi L’économiste Pierre Marie Boisson parle de notre économie comme d’une économie de migration dépendante des transferts de la diaspora haïtienne, où on est entrain de créer de la richesse à l’extérieur du pays, tout en créant de la pauvreté à l’intérieur. La vision des différents économistes sur la situation économique du pays inquiète. En 2016, Haïti occupait la 151eme place parmi 153 pays dans le classement Best countries for business, et le 182e place sur 190 du rapport doing business (Il s’agit d’un rapport d’indices de facilitation de l’investissement) en 2019, tant le climat conjoncturel n’est pas favorable à des investissements. Il est reconnu comme le pire pays de la caraïbe et l’un des 10 pires pays de la planète en ce qui a attrait à l’investissement. En 2012, le président Michel Martely déclarait qu’Haïti était ouvert à l’investissement. Sept ans plus tard, le constat est flagrant car aucun investisseur étranger ne veut investir dans le pays. Haïti est considéré comme l’un des trois pires pays protecteur des investisseurs, soit le 188eme pays sur 190. Comme le suggérait Wilson Laleau en 2015, des actions sont nécessaires pour améliorer la situation économique des haïtiens. Sept projets de lois ont été déposés au parlement s’intéressant au droit des affaires, considéré comme des action vers la maitrise de l’entropie selon le Dr Bernard Gousse. De même, il ne suffit pas de dire que des actions sont nécessaires au développement économique et à l’essor des petites et moyennes entreprises (PME), des moyens doivent être mis à la disposition des institutions capable d’accompagner les éléments ou entités pouvant favoriser le développement économique en Haïti; de même les retombées négatives doivent être contrôlées. Et, comme l’avait décrit Demesvar Délorme « le moyen de tout sauver à cette heure critique, c’est souvent celui dont j’ai parlé dans le cours de ces réflexions : il n’y pas d’autre, il n’y en pas deux : c’est de relever en hâte notre production agricole. Si nous faisons cela, nous aurons le temps de tout sauver». Demesvar Delorme avait raison sur certains points, mais l’agriculture ne suffit plus et me permet de réfuter la thèse avancée par l’ecomiste parce que même si Haïti est souvent décrit comme un pays essentiellement agricole. Cependant, ce secteur d’activités n’a pas cessé de se détériorer. Les facteurs liés à son fonctionnement sont défavorables. Une restructuration de ce secteur prendrait des années. Néanmoins, le commerce n’aura de vertu vers le développement économique que si on met en place un système d’incitation à encourager les petits et grands entrepreneurs ou investisseurs à se réorienter vers des activités productives, génératrices de plus-values pour l’économie, pour cela les institutions financières doivent accepter d’investir dans des projets colossaux mais faisables d’après les données recueillis ou par rapport aux projets des moyennes entreprises. L’environnement juridique peut favoriser ou entraver l’accès au crédit. Et, il n’existe aucun autre moyen pour stimuler l’économie haïtienne que de favoriser l’investissement. Tout pays devraient formuler ses politiques nationaux en matière d’emploi de façon à absorber une proportion croissante de la population dans des activités qui tendent à réduire de façon appréciable le chômage et le sous-emploi.
L’économie ne se fait pas par amour, mais par intérêt. La banque n’est pas une institution à but non lucrative, tout l’intérêt des crédits ce sont les profits. La banque n’accorde de crédit que si elle sûre d’être payé. Son rôle est surtout de fournir un aide financier à des sociétés qui peut lui garantir le remboursement de sa créance. Sa participation dans le développement économique s’arrête là, fournir un investissement à des institutions viables ou qui peuvent garantir ce remboursement. Mais, cette participation est primordial dans l’économie nationale à cause de la circulation d’une double monnaie et le comportement des agents économiques par rapport au pouvoir d’achat et le faible rendement de notre secteur primaire qui représentait avant l’occupation américaine et plus récemment un appui en faveur d’un taux de change équilibré, aujourd’hui, la situation est différente. La production influe sur le taux de change et en cas de dépréciation et dévalorisation de la monnaie, si on n’a pas une production correspondante, ces phénomène risquent d’avoir un effet sur l’économie, le cas d’Haïti où l’exportation est en chute libre. La dépréciation de la gourde découle donc d’une faible production, née à partir d’une dévaluation de la gourde vers des importations massives et l’investissement étranger dû au prix de la main d’oeuvre haïtienne qui coûte plus chère (la main d’oeuvre étranger implique la circulation du dollars puisque le dollars c’est la monnaie déterminante des prix sur le marché international, la cotisation des monnaies locales dépendent du dollars. Autrement dit, toutes les monnaies sont côtés en dollars, mais c’est l’offre et la demande qui déterminent les coûts du marché). Dans toute économie, l’un des éléments qui prévaut c’est le contrôle du taux d’inflation en vu de conserver la valeur de la richesse accumulé: c’est à dire, il faut savoir comment préserver les avoir et contrôler l’inflation. L’investissement étranger ne sera possible que si on réalise les transformations suivantes dans l’agrégat économique, il faut penser à développer d’autres domaines ou secteurs du monde des affaires qui ne sont pas exploités en Haïti vers la prospérité, de meilleurs épargnes et l’augmentation du pouvoir d’achat. Mais pour William Savary, il faut d’abord renforcer les investisseurs locaux, avant de penser aux investissements étranger; pour se faire, les investisseurs locaux doivent avoir accès au crédit afin de rendre le marché des affaires plus compétitive et prospère. Cependant, ce crédit doit permettre la rentabilité de leur capital, l’effet de change a des conséquences perverses sur l’économie et les taux d’intérêt (l’effet de la dépréciation de la gourde a un effet domino sur toute l’économie) (400eme ocpah magazine).